La vie durable, il faut l’aider…
On a voulu croire jusqu’ici que la transformation écologique du monde se jouait entre ceux qui veulent et ceux qui ne le veulent pas. On découvre un peu partout dans le monde que le vrai clivage est entre ceux qui peuvent et ceux qui ne le peuvent pas. Ou plutôt entre ceux qui peuvent et ne le veulent pas et ceux qui veulent et ne le peuvent pas.
La fiscalité écologique est sûrement adaptée aux entreprises qui savent intégrer les signaux prix. Encore faudrait-il que la coopération internationale autant que les Etats la fassent progresser : on attend toujours un prix du carbone, un prix des déchets non recyclés ou des destructions de la biodiversité. Cela changera l’économie.
Mais la crise sociale que nous vivons rappelle que la fiscalité écologique n’est pas adaptée aux ménages et aux individus. Surtout lorsqu’elle est définie de façon générale sans considérer la capacité contributive des personnes et l’existence de solutions alternatives. Moins se chauffer a ses limites et laisser sa voiture aussi, dès lors qu’on n’a pas le choix. Faire payer la poubelle supplémentaire 50€ condamne à jeter ses déchets chez le voisin. Le bon sens balaye la théorie ; tous les experts, technocrates et donneurs de leçons doivent le comprendre avant de multiplier les normes et les lois. En fait, on ne changera les villes et les comportements que si on le fait avec les personnes concernées, pour inventer les solutions possibles, au quotiden. L’obligation ne favorise pas la transition, voire la fait reculer. Le donnant donnant et mieux le gagnant gagnant, sont plus appropriés, comme on le voit avec le tri, l’achat responsable et la réparabilité des produits.
L’écologisation de nos habitudes et de nos modes de vie a une condition de succès : en parler pour se mettre d’accord sur les constats, partager les solutions et les innovations, évaluer les expériences, encourager les bons comportements, avec un volontarisme sans faille. Le mieux vivre ensemble n’est-il pas l’objectif ? Le partage est donc la solution. C’est une vraie révolution à faire dans les modes de gouvernement, dans les politiques publiques et privées, pour ne pas infantilises les citoyens ou les culpabiliser mais pour les motiver et les encourager. Si la nouvelle façon de répondre à nos attentes et à nos besoins était moins individuelle et plus collective, on attendrait plus vite vers les objectifs du développement durable. La planète met au défi nos cœurs plus que nos corps…
Auteur – Patrick d’Humières, Président de l’Académie Durable Internationale.