[Tribune] Le monde des solutions…
Tribune de Patrick d’Humières, à retrouver aussi sur son blog
S’il faut retenir quelques leçons fondamentales du scrutin français – qui n’en est qu’à son 1° tour, attention ! – c’est que notre société fait une fois de plus le choix du « ressort français » dans les grands moments. D’une façon démocratique qui l’honore. Certes, toutes les sociétés politiques sont aujourd’hui traversées par un double mouvement de peur de l’avenir et des risques encourus, et d’espérance de voir le progrès et l’ouverture mondiale poursuivre une construction humaine qui cherche l’amélioration de la vie collective.
L’important n’est pas de nier les défaillances de la croissance actuelle qui accroissent les inégalités, dont la mauvaise gouvernance publique ne délivre pas les services collectifs attendus, à cause d’une irresponsabilité cynique de nombreuses élites qui misent plus sur leur propre sort que sur celui du pays. Il y a clairement du déni et de l’incompétence dans la gestion collective de nos sociétés technologiques, confrontées à une précarisation et une complexité sociale qu’on comprend mal et qu’on traite à la légère : la population ne le supporte plus et cherche d’autres voies pour s’en sortir, par la violence et l’exclusion quand la démocratie d’en haut l’abandonne !
L’important est de reformuler une ambition collective qui s’attaque à l’inacceptable, qui s’appuie sur des valeurs de solidarité et d’efficacité, pour réinventer à peu près tous les mécanismes obsolètes de la machine sociale et politique, en s’appuyant sur les ressorts positifs que mettent à notre disposition les inventeurs, les créateurs, les disrupteurs, les milliers d’entrepreneurs qui de l’humanitaire à la science, et l’économie sociale aux medtechs proposent des solutions ; c’est ce que démontre parfaitement « la France des solutions » proposée par Reporters d’Espoir*(cf. éditions Arthaud). Là est la société du rebond qui disqualifie la société du repli ; là est la société du « vivre ensemble » qui chasse la société de la défiance. C’est cette vague généreuse, volontariste et profondément audacieuse, qui mise sur la société d’en bas et l’initiative de terrain, qui s’est retrouvée dans le succès du candidat d’En Marche, dans un contexte français que tirent vers le bas l’esprit de rentier des uns et le retour à ses origines des autres, qu’il n’est pas question d’accepter. Nous pouvons « solutionner » nos problèmes, si on croise les générations, les savoirs, les cultures, les capacités et les rêves bien sûr !
Trois leviers sont en train de solidifier cette capacité de rebond anti-décliniste qui tire une nouvelle France.
• Le premier est la dynamique intér-générationnelle qui parie sur les jeunes, les femmes, les nouvelles cultures du monde pour ressourcer une pensée qui s’étiole en ne parlant plus qu’à elle-même.
• Le second levier est de jouer à fond « les techs » qui nous permettent de nous relier entre nous comme jamais et de diffuser des offres à peu de frais, pour créer d’incroyables services pour tous, sans omettre aucune des difficultés qu’elles soulèvent, tant éthiques que sociales.
• Le troisième levier est de miser à fond sur les coopérations, les croisements d’intérêt, les coalitions improbables, celle des apparences contraires, pour féconder des initiatives qui font sauter les obstacles qu’on disait insurmontables…
Le monde traverse incontestablement un de ses grands cycles historiques où les technologies, les nouvelles perspectives humaines et les alliances interplanétaires, font naître des utopies reconstructrices, même si elles accouchent dans la douleur et s’imposent par les marges. Il en est ainsi de quelques pensées fortes contemporaines qui perçent comme la croissance durable, pour repenser les équilibres économiques, mais aussi de la responsabilité des affaires pour réorganiser le management avec les parties prenantes et non plus sans elles, de la nature comme matrice vitale à respecter et nous plus comme ressource inépuisable, de la culture comme vivier infini qui vous enrichit par les apports et non par la répétition ou la soumission, et de l’expérimentation comme levier de création qui peut renouveler les modèles et rendre la planète plus proche.
Les acteurs – intrapreneurs, entrepreneurs, de l’économie « sociale » ou « capitale » – des start-up ou des grands groupes, doivent se saisir de cette économie inclusive qui bouscule le ron-ron puissant d’une économie financière disqualifiée ou d’une politique bureaucratique insupportable, pour continuer de déplacer toutes nos frontières inutiles ou bloquantes. « Les solutions » existent ; le coup de rein dynamique, confiant que la France vient de donner pour mettre dans son agenda l’espérance d’une europe qui agit, d’une société qui croit dans ses forces jeunes et d’une économie qui se repense par l’utilité sociale, sont une formidable invitation à rentrer dans le siècle avec de l’optimisme et de la combativité bien orientées.
Il y a un souffle de Renaissance dans ce moment français, qu’il faut confirmer, amplifier, s’approprier largement.
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