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28 juillet 2016

Le nouveau projet européen a besoin de la RSE

Le vote anglais du Brexit et ses conséquences


L’au-revoir exprimé par « nos amis anglais » appelle évidemment une réaction franco-allemande à la hauteur du défi géopolitique qui est posé aux jeunes générations d’européens. Les Britanniques ont choisi de ne pas construire avec nous un projet politique, dont acte. Le leur sera probablement celui d’une grande zone offshore ouverte aux vents de l’investissement facile, de la spéculation peu regardante, du dumping fiscal et social qui fera le bonheur des riches de la planète. Ils devront en assumer les conséquences internes car ce modèle se heurtera incontestablement à ceux qui pensent que l’avenir du monde repose sur une régulation négociée, au « Royaume-Uni »( ?), comme partout ailleurs.  Destin paradoxal pour les anglais de l’intérieur qui auront voté de bonne foi contre une mondialisation qui leur semblait imposée et qu’ils vont devoir ingérer désormais à marche forcée et sans contre-pouvoir. Le sujet numéro 1 reste celui de cette indispensable régulation de la mondialisation, sociale, fiscale, mais aussi en termes de droits humains, de normes sanitaires et environnementales, de gestion de la paix et de principes éthiques, à laquelle il faut amener le reste du monde à partager un cadre commun protecteur d’une vision humaine « plus durable ». Que la pression migratoire incontrôlée soit venue disqualifier ce message européen, n’enlève rien à sa pertinence fondamentale. Et ne nous racontons pas d’histoire sur la technocratie bruxelloise ; elle a sa grande part de responsabilité dans l’épuisement du rêve européen, avec la montée divergente des identités culturelles locales et la contrainte des équilibres économiques qui fait souffrir les populations, mais ce n’est ni la cause unique, ni la raison fondamentale de la rupture.

Saurons-nous inventer une Europe des entreprises responsables qui favorise la croissance durable ou allons-nous courir derrière les Gazprom, les Aramco et les Petrobras pour bâtir le monde de demain, capable d’intégrer les formidables opportunités technologiques dont nous disposons et corriger les insupportables externalités d’un progrès insuffisamment humanisé ?

A partir du moment où la paix sur le continent n’est plus la  motivation perçue pour rapprocher les Etats européens et où nous ne parvenons pas à à faire de l’harmonisation des marchés à 28 une zone de prospérité, pour de très nombreuses raisons connues, bonnes et mauvaises, il ne reste qu’une raison d’être à l’Union : peser sur la régulation mondiale pour infléchir la globalisation dans le sens de nos valeurs, en s’efforçant d’être exemplaires nous-mêmes. C’est une idée de la civilisation qui est sur la table. Encore faut-il aller chercher cette inspiration dans l’attente des peuples et non dans l’intérêts des acteurs au pouvoir qui ont perverti le projet dans un marchandage sans fin d’égoismes et de mesquineries. Le personnel politique européen porte une lourde responsabilité car il n’a pas su créer le lien entre les peuples et le projet.

La capacité des français et des allemands à repenser ensemble une gouvernance démocratique, une démarche d’efficacité économique et de bonne gestion publique et une diplomatie de conviction, est le socle de ce nouveau départ à tenter par-dessus tout. Mais il est aussi une idée commune aux français et aux allemands qui peut aider à ré-orienter la mondialisation ; c’est celle d’une intégration de la croissance dans le champ du développement durable, au nom de laquelle nos entreprises doivent assumer une responsabilité accrue. SI on met l’exigence d’un modèle d’affaires socialement, environnementalement responsable, en termes de gouvernance et d’intégration sociétale, en tête de notre projet économique commun et qu’on le pratique sérieusement – n’est-ce pas Volkswagen etc… – nous apporterons à notre puissance restante le message fédérateur et d’équilibre qui lui manque.

L’entreprise constitue un socle de la réalité européenne, trop important pour le laisser sans boussole. Il y a une immense demande de responsabilité de la part de la population à l’égard des entreprises pour que la liberté de commercer et de se développer dont elles bénéficient, s’accompagne d’une contrepartie RSE qui ne dépende pas seulement de la loi mais de leurs propres engagements volontaires. Saurons-nous inventer une Europe des entreprises responsables qui favorise la croissance durable ou allons-nous courir derrière les Gazprom, les Aramco et les Petrobras pour bâtir le monde de demain, capable d’intégrer les formidables opportunités technologiques dont nous disposons et corriger les insupportables externalités d’un progrès insuffisamment humanisé. Cet état de fait a trois conséquences simples que nous ne devons pas fuir : la mondialisation ne convient pas en l’état mais elle est une étape à réussir ; les entreprises ne peuvent se contenter d’en prendre les bons côtés pour elles mêmes et doivent en assumer les implications politiques ; notre zone européenne est suffisamment mature en la matière pour faire de ce défi un élément d’attractivité de son modèle. A nous de jouer…Le management responsable est une idée neuve en Europe.